La Tunisie, un bon plan pour les nomades numériques ?

J’ai passé une partie de l’hiver 2024 (de début janvier à fin mars) en Tunisie, et y suis retourné une semaine en automne. Si ce second séjour était à but purement privé, le premier fut quant à lui ma première expérience de nomade sur le continent africain.

Contrairement à mes habitudes, et pour la première fois (oui, vraiment !), j’ai pris mes quartiers dans un hôtel 5 étoiles sur la côte, en demi-pension. Pour tester. Et parce que le prix était véritablement intéressant.

Imaginez, 33 à 38 euros la nuit en demi-pension. Dans une chambre très spacieuse. Avec l’accès à tous les services de l’hôtel (piscine intérieure chauffée, piscines extérieures, salles de sport, chaises longues sur la plage…). À ce niveau, pas grand-chose à redire.
Copie d'écran de la facture, montrant un tarif de 33 euros la nuit
465 euros pour 14 nuits, soit 33 euros la nuit en demi-pension

J’ai commencé par m’installer dans l’Iberostar de Monastir (Iberostar Selection Kuriat Palace, 5 étoiles).

Avantages :
— en face de l’aéroport, pas besoin de taxi.
— station de métro (un train local qui relie la zone à Sousse, Mahdia, mais aussi à Monastir… vous allez comprendre).  

Inconvénients :
— rien à faire autour, l’hôtel est dans une « zone touristique », ce qui signifie qu’il est entouré d’hôtels du même genre… n’espérez pas aller prendre un thé ou un café dans le quartier, il n’y a rien. Vous pouvez, au choix, prendre un taxi, prendre le fameux « métro » pour aller en ville, ou marcher quelques kilomètres. Ce n’est pas forcément un souci pour tout le monde, mais personnellement j’aime bien avoir quelques magasins et restaurants à proximité quand même.
— la position stratégique en face de l’aéroport signifie que beaucoup de touristes viennent juste un week-end faire la fête (bonjour les Anglais !), et ce n’est pas forcément agréable (gens bourrés qui crient la nuit dans les couloirs, un peu la foire au restaurant, etc.).

En général, je ne recommande pas cet hôtel, même s’il est possible d’y travailler dans des conditions décentes. Il y a mieux.

Ceux qui savent savent, comme on dit, mais j’apprécie le calme. C’est donc excédé par les arrivages de fêtards d’outre-Manche que j’ai déménagé dans un autre hôtel du même groupe, à Mahdia (Iberostar Selection Royal El Mansour, 5 étoiles).

L'hôtel de Mahdia.

Avantages :
— entrée côté ville, entrée côté plage. Pour le coup, il suffit de faire quelques pas en dehors de l’hôtel pour trouver des cafés, restaurants, supermarchés, coiffeurs…
— plus tranquille, surtout hors périodes de vacances scolaires. Quand je suis arrivé, l’essentiel de la clientèle était composé de retraités en séjours plus longs, venus profiter du spa. L’ambiance est bon enfant, parfaite pour travailler. Et la ville est à côté pour sortir et s’amuser. 

Inconvénients :
— un peu plus bruyant que celui de Monastir, surtout pour les chambres côté ville (mais sincèrement, c’est gérable).

C’est celui que je recommande, si vous souhaitez tenter cette expérience en demi-pension/pension complète. Le buffet était aussi bien plus organisé que dans l’autre.

Maintenant, est-ce une solution idéale pour un nomade numérique ?

L’expérience est sympa, et j’ai réussi à rentrer dans une douce routine, commençant mes journées par une ou deux heures de natation, et déjeunant dans une petite boulangerie du centre. Mon second hôtel offrait un bureau très pratique pour travailler dans la chambre, même si j’appréciais aussi travailler sur le balcon ou au bar de l’hôtel, assez tranquille en journée.

ma chambre d'hôtel à Mahdia
Ma chambre à Mahdia. Bureau. Vue sur la ville.

L’internet est moyen en fonction de l’emplacement de votre chambre, et je vous conseille d’acheter une carte sim locale (ou d’utiliser vos 35 Go gratuits en itinérance avec Free mobile pour les Français). Le réseau mobile marche très bien et sera l’assurance de pouvoir rester en ligne en cas de souci avec le wifi. Ce conseil est valable pour toute la Tunisie, pas forcément ces hôtels en particulier. Y compris dans la capitale.

Le service de ménage passe chaque jour à des heures plutôt aléatoires, en fonction des arrivées et départs du jour. En général, j’allais travailler au bar en fin de matinée, pour être tranquille pendant qu’ils passent faire la chambre. (petite astuce : laissez quelques dinars sur la table pour la femme de ménage, et vous trouverez sûrement une petite décoration florale à votre retour)

Pour moi, le plus gros souci a été la demi-pension. Avoir du poisson frais à volonté, des dizaines de plats de viande et de fruits de mer, un buffet de pâtisseries… m’a fait gagner une dizaine de kilos en un mois et demie. Oui oui, vous avez bien lu ! Si comme moi vous ne savez pas vous restreindre devant un buffet illimité, ce n’est peut-être pas le bon choix pour vous. D’autant plus qu’il est très facile de manger pour pas cher en Tunisie, comme on le verra un peu plus tard.

Le dernier point, c’est que vous n’aurez pas de machine à laver sur place. Il y a bien un service de pressing dans l’hôtel, et d’autres en ville, mais si vous êtes plutôt minimaliste ou que vous préférez gérer votre linge vous-même, vous finirez comme moi, à laver votre linge à la main dans l’évier. Ce n’est pas un problème majeur, mais au bout d’un mois ça peut devenir lassant…

Quelques astuces pour obtenir de bons tarifs :
  • La meilleure période commence juste après le Nouvel An. La température reste assez douce, et de manière générale je ne recommande pas l’été, le soleil est difficile à supporter.
  • Si vous choisissez vous aussi d’aller chez Iberostar, réservez sur le site, et utilisez les codes de réduction souvent présentés en bas de page.
  • Si vous souhaitez étendre votre séjour, faites-le par internet. Sinon vous aurez le tarif local (qui est beaucoup plus élevé, je n’ai jamais compris pourquoi, mais c’était le cas pour les hôtels à Tunis aussi). En général, je me contentais de reprendre des jours sur leur site, et d’ajouter une note avec mon numéro de chambre en expliquant que je souhaitais prolonger (histoire qu’ils me gardent dans la même chambre). Puis, le matin du checkout, j’allais payer la nouvelle réservation avant de prendre mon petit déjeuner, et c’était réglé.
Tunis

Après avoir réalisé que je ne rentrais plus dans mes pantalons, j’ai décidé de partir visiter la capitale. Histoire aussi d’avoir une expérience différente.

Sur place, pas d’immenses hôtels touristiques, mais de petits hôtels standards, adaptés aux voyageurs de commerce et autres voyageurs. Plus de piscine, de spa, ou de demi-pension. En revanche, une position centrale qui offre un accès à toute l’offre culturelle, sociale et commerciale de la ville.

Les hôtels offrent généralement un petit déjeuner continental avec quelques spécialités locales, qui permettent de bien commencer la journée. Les chambres sont plus petites que dans les 5 étoiles de la côte, et certains n’ont pas de bureau (ou en tout cas de table suffisamment confortable pour y travailler à la journée).

L’isolation étant ce qu’elle est en Tunisie, attendez-vous à un certain niveau sonore. Essayez d’éviter les écoles (hymne national dans la cour le matin, plus les récréations), les mosquées (appels à la prière), et autres lieux du genre. Le seul hôtel que j’ai testé avec une bonne isolation était le Novotel de l’avenue Mohamed V, mais à plus de 200 euros la suite ça n’est pas forcément le premier choix, d’autant plus que le bureau n’était pas forcément confortable (la table à manger, déjà plus). Ailleurs, des écouteurs à annulation active du bruit (dans mon cas, des AirPods Pro) sont les bienvenus pour atténuer le bruit de fond de la vie locale.

Si je devais conseiller un hôtel en particulier, ce serait le Carlton, situé sur l’avenue principale en plein centre. Ce n’est pas le moins cher, mais il est bien situé, le service était plutôt correct, et le petit déjeuner est excellent. Attention cependant, le « bureau » dans certaines chambres est ridiculement petit (ça convient pour un laptop, mais pas bien plus quoi !).


Trouver de quoi manger n’est pas un souci. Pour environ 10 à 15 dinars (3-4 euros), vous aurez une assiette, souvent bien garnie, avec de la viande, des frittes, de la salade, et souvent des pâtes, du riz ou de la soupe. Le pain est inclus, ainsi que du harissa et autres en apéro (à manger avec le pain). Pour à peine plus cher, vous aurez un bon couscous ou d’autres spécialités locales. Vous pouvez aussi vous aventurer dans la médina, ou d’autres petites rues alentour pour tester les fast-foods locaux, souvent pour 1 à 2 euros. 
Bien entendu, vous trouverez également des restaurants bien plus luxueux si vous le souhaitez, pour des repas plus exotiques (ou européens). Attention au restaurant et à la pâtisserie Le Parnasse, un peu plus haut sur l’avenue Bourguiba, ils arnaquent régulièrement les touristes (ils ont essayé avec moi, et les avis sur Google maps finiront de vous convaincre). En revanche, de l’autre côté de la rue, il y a un bistrot turc qui sert des assiettes bien garnies et délicieuses à 15 dinars, avec une soupe en entrée.

Ce repas complet a coûté 15 dinars, soit environ 4,5 euros/5 dollars. 

Niveau vie sociale, beaucoup de choses à faire, et quelques évènements professionnels pour ceux intéressés également. Pour les autres, n’hésitez pas à visiter les soirées d’échanges linguistiques ou les évènements culturels pour rencontrer des locaux.

Comme partout en Tunisie, votre connexion mobile peut-être utile, car le réseau d’internet fixe n’est pas toujours au point.

Même si j'ai beaucoup apprécié être au centre pendant quelques temps, il m'était plus difficile de me concentrer sur le travail, car il y a beaucoup trop de choses à y faire, et de vie sociale.


Maintenant, passons à ma recommandation principale : la banlieue.

Sincèrement, si je retourne à Tunis, c’est l’endroit où j’irai en priorité. La Marsa, à côté de Tunis. Une banlieue chic qui présente un peu tous les avantages de la Tunisie : la mer, les bons restos chics, mais aussi les petits bistrots locaux, la proximité avec la ville, mais plus de tranquillité. Des lieux pittoresques à proximité, avec notamment Sidi Bou Said et les ruines de Carthage. Pas en hôtel, mais plutôt dans l’une de ces charmantes villas en bord de mer.

Le port de Sidi Bou Said, vue de la ville.

Pour moi, c’était l’idéal pour obtenir un bon équilibre de vie et de travail. Promenades et séances de bronzage sur la plage (en mars, les gens se baignaient déjà), dîner au bistrot du coin. Courses au marché local.

Pour travailler, la cour intérieure était suffisamment calme (généralement, elles n'ont pas d’ouvertures vers l’extérieur), ainsi qu’un petit bureau dans le salon. Le quartier reste plus calme que le centre-ville, et le réseau mobile est toujours excellent. Il y a aussi quelques cafés modernes et corrects pour passer quelques heures sur un ordinateur portable.

Pour éviter de perdre du temps à midi, il est facile et peu cher d’utiliser Glovo pour se faire livrer un repas à domicile.

De plus, on reste à quelques euros de taxi de la ville (ou à moins d’un euro en « louage », des minibus qui font la liaison). Il y a également une ligne de train urbain, le TGM, qui relie La Marsa à Tunis, en passant par Sidi Bou Said, Carthage, et quelques autres localités.

Quelques recommandations dans le coin :
  • Le restaurant YaBon : pour les amateurs de poisson. Vous choisissez votre poisson dans la vitrine, ils vous le grillent sur place et vous le servent avec une garniture maison. On n’y va pas pour le confort ou la décoration de la salle, mais pour la qualité du produit. Très bruyant et très fréquenté (c’est un euphémisme), il n’ouvre que quelques heures par jour pour le midi. À faire au moins une fois si on aime le poisson !
  • Les thermes d’Antonin : des vestiges impressionnants, et sans doute les plus beaux thermes romains que j’ai visités dans ma vie. Si vous ne visitez qu’un seul site romain à Carthage, c’est celui que je recommande. À savoir qu’il est assez facile de faire la plupart des autres sites à pieds, avec un ticket unique pour la journée. Y consacrer une journée si l’on est amateur de ruines anciennes.
Les thermes d’Antonin, à Carthage. La photo ne rend pas compte de la grandeur du lieu.


Avis général sur la Tunisie :

Le moins bon :
  • La saleté. Malheureusement, des déchets partout… les gens ont tendance à tout jeter dans la nature, dans la rue…
  • Les mendiants et sollicitations permanentes : on m’a dit que c’était bien moins présent qu’en Égypte, mais pour moi c’est déjà trop. Il faut parfois gueuler un peu pour qu’on vous laisse en paix… jusqu’au prochain. Sans compter les insultes qui tombent régulièrement quand on leur dit non.
Le positif :
  • C'est bon marché. J’ai dépensé environ 1500 euros par mois sur place, mais vous pouvez le faire pour bien moins cher si vous le souhaitez.
  • Climat doux en hiver.
  • Nourriture plutôt bonne (un peu épicée parfois, ça peut en déranger certains).
  • La langue : vous pourrez parler français quasiment partout. Les jeunes ont tendance à apprendre l’anglais désormais, donc pour les moins de 30 ans vous serez peut-être amené à pratiquer la langue de Shakespeare. Mais en général, la communication est rarement un problème pour nous autres, les francophones.
En fin de compte, la Tunisie reste une destination sympa pour un nomade numérique, à visiter en hiver ou à la mi-saison. J’ai pu travailler sans encombre, et vivre ma vie sans vraiment me soucier des prix. Je ne regrette pas du tout d’y être allé, et le referai peut-être dans le futur.


Autres informations utiles pour la Tunisie :
  • Taxis : Bolt marche bien, mais les paiements se font exclusivement en cash. Gardez de petites coupures sur vous, car le rendu monnaie peut-être un peu compliqué… Idéal pour éviter de se prendre la tête avec des chauffeurs pas toujours honnêtes (notamment à l’aéroport).
  • La monnaie ne s’échange pas hors des frontières (et officiellement vous n’avez pas le droit de sortir du pays avec des dinars), donc prévoyez d’échanger ce qu’il vous reste avant de partir. Pour cela, vous devez présenter un ticket de distributeur ou une quittance de change que vous aurez pris soin de conserver précieusement lors de l’obtention des dinars tunisiens. Pas la peine d’en garder, une fois passée la sécurité de l’aéroport, elle n’est plus utilisable. Tous les prix sont en euros (et tout est extrêmement cher, donc évitez le shopping dans le duty free, aucun intérêt).
  • La période du ramadan est un peu particulière : les gens ne mangent que le soir, donc beaucoup d’établissements sont fermés la journée. Ce n’est bien sûr pas un problème dans les zones touristiques, mais le centre-ville de Tunis est un peu triste à ce niveau. Les vitrines des établissements ouverts sont généralement tapissées de vieux journaux pour en cacher la vue, et l’intérieur peut être assez enfumé, car c’est aussi les rares endroits où l’on peut fumer (et surtout pas dans la rue). À La Marsa, c’est moins un problème, mais vous verrez quand même une différence due au ramadan. Cependant, il n’est pas nécessaire d’éviter cette période à tout prix, l’atmosphère est intéressante et très festive la nuit. Si vous visitez la Tunisie pendant le ramadan, je vous recommande fortement de passer quelques soirées dans la médina de Tunis !
  • Les étoiles des hôtels en Tunisie ne correspondent pas forcément aux standards auxquels vous êtes habitués. C'est souvent le cas à l'étranger, mais je tiens quand même à le préciser.

Vous y êtes allés ? Partagez votre expérience et ajoutez vos bons plans en commentaires. 😉

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